Déconnexion

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J’ai suivi un cours de cuisine lao à Luang Prabang, il y a quelques semaines.

Nous sommes allés au marché. Fruits, légumes, chips de bambou, brochettes et cacahuètes. La surface du marché était impressionnante, dehors, assis par terre, dedans, des chaises et des étalages permanents. Bondé, des gens partout. Et puis tous tes sens sont en alerte. La vue d’abord. Il faut faire attention où on marche, ne pas rester dans le chemin, de pas gêner le passage, toutes ces couleurs et ces plantes qui ne nous sont pas familières… Et des femmes, principalement, occupées à vendre leurs produits, à faire cuire leur viande, à manger un petit en-cas, ça bouge et ça parle… L’ouïe donc. La langue, qui commençait à m’être familière, et la voix de notre guide qui nous expliquait certain légumes, les propriétés de certaines racines, et l’utilité d’objets divers. J’entends et je vois des poissons se débattant dans presque pas d’eau, suffoquant et luttant désespérément. Leur sort est pourtant scellé. Et les mouches, on entend les mouches… Le goût ? Oui, notre guide nous fait découvrir différentes saveurs locales. Minuscule aubergine verte, très très amère. Mais les locaux aiment ce goût et on retrouve cette amertume dans tous les plats lao. Le piment. Le barbecue. Et les odeurs qui s’associent à ses goûts. Nous nous dirigeons vers la partie boucherie, et là, c’est l’odeur de viande crue qui attend. Le sang, la chaleur et les mouches en décourageraient plus d’un et en a découragé certains, mais j’avais envie de voir. Ma curiosité est mon plus beau défaut ! En marchant à travers ces étalages de viande je me suis rendue compte de tellement de choses sur ma culture. Premièrement, je pense que je suis incapable de tuer un animal, le découper en morceaux et le préparer à être mangé pour le moment. Peut être qu’un jour je pourrai, je n’en sais rien. Et j’aimerai bien dire que je pourrai le faire, cela me laisserai sereine quant au fait de manger de la viande. On ne devrait manger de la viande que si on est capable de tuer l’animal dont provient cette viande. Si tu es carnivore alors tu es chasseur ou charognard.

La deuxième chose que j’ai réalisé c’est que nous sommes complètement déconnectés de la réalité. On achète de la viande dans du plastique, prête à cuire, un peu de beurre et hop c’est mâché, avalé, digéré. Mais on oublie tout. On oublie que cette viande provient d’un animal vivant et bien chaud, on oublie que cet animal a vécu avant, et on oublie qu’on a sacrifié sa vie pour assouvir nos envies carnassières. La première chose dont je veux parler c’est le respect. En oubliant que cette viande n’apparait pas magiquement dans les rayons frais de nos supermarchés on oublie de respecter l’animal dont elle provient. On devrait dire merci. Je ne prône pas le végétarisme. J’aime manger un bon morceau de viande de temps en temps. Mais pensons à ce que nous mangeons… Notre corps et un sanctuaire, nous sommes ce que nous mangeons, l’important c’est la santé, toutes ces phrases qu’on entend sont tellement vraies. Je ne veux manger que de bonnes choses. Je veux manger un bon poulet rôti qui a gambadé, mangé de l’herbe, gratté le sol. Pareil pour les vaches. Le lait. Les œufs. Bref. Je dis ça parce que dans ce marché à luang prabang, j’ai vu le visage d’un porc. Juste la peau. Comme un masque. Et les gens l’achètent. Et le mangent. J’ai vu des queues, des pieds, des têtes, des intestins, des utérus de poules (cf photo). J’ai tout vu. Et ma première réaction a été, Seigneur, quelle horreur ! Mais réfléchissons quelques instants… Ces gens mangent tout. De la tête à la queue, rien n’est perdu. Rien n’est gâché. Et on sait que c’était un animal, un vrai… Donc non, ce n’est pas une horreur ! Les poissons ne sont pas carré et le steak haché n’est pas une partie de choix du bœuf.

Et vous savez quoi ? Un de mes objectifs de vie et d’arriver à tuer un poulet un jour. Et de les faire grandir, leur donner de la bonne nourriture, prendre leurs œufs et arriver à en tuer une de temps en temps, pour faire un poulet rôti pour les repas de familles.

 

Rendons-nous compte que le jambon, ou le poulet ou le boeuf qu'on achète au supermarché est probablement issus d'élevages intensifs, ces animaux qu’on entasse dans des cages, sans qu’ils ne voient jamais la lumière du jour si ce n’est en chemin pour l’abattoir où ils stressent, sentant la mort et devenant fous.

Voici notre réalité.

Achète de la viande que t'as connu!

 

Si seulement plus de gens lisaient mon blog, je suis sure que je changerais le monde !

 

Peut être que je devrai publier une vidéo de moi à moitié nue plumant un poulet, sur un boulet (apparament c'est tendance et ça rime) et chantant faux, sûre que ça ferai le buzz…

 

 

 

PS : Le meilleure recette qu’on a préparé ce jour-là, au cours de cuisine, fut du poulet assaisonné qu’on a fourré dans des tiges de citronnelle et qu’on a fait frire…mmmh

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Commentaires: 3
  • #1

    Marie Hélène et Bernard (samedi, 05 avril 2014 09:48)

    c"est toujours avec beaucoup de plaisir que nous parcourons ton site, on a tout à fait l'impression d'être à tes côtés quand on te lit, écrit plutôt un bouquin à la place de la vidéo au poulet!!! nous sommes tout à fait en accord avec toi , manger pour vivre et connaître et respecter notre nourriture, éviter le gaspillage et essayer d'utiliser l' "aliment"complètement, bien que ce ne soit pas toujours évident. Par contre , moi je serai incapable de tuer pour manger , trop peur de louper mon geste et de faire souffrir,je préfère laisser cette tâche à des professionnels par contre le dépouillement et la découpe pas de soucis des gestes précis en respectant l'animal qu'il a été.Je rajouterai que ce soit pour le règne animal ou le végétal le plus grand respect s'impose, c'est comme quand on se promène on ne cueille pas les fleurs qui auront le temps de se faner avant la fin de la balade, quel gachis alors qu'elles sont si belles et rendent nos promenades plus plaisantes...C'est toute une éducation, est-elle oubliée par certain ou méconnue??? Au plaisir de te lire.continues de nous faire découvrir ces contrées lointaines et si proche par tes écrits. MHélène

  • #2

    agroecologieaudetourdumekong (dimanche, 06 avril 2014 13:19)

    Bonjour!
    Et merci pur vos commentaires, ils me font tellement plaisir à chaque fois!
    Je suis tout à fait d'accord, tout ce qui vit mérite le respect. Et il y a énormément de travail à faire sur ce sujet...
    Moi aussi, je suis incapable de tuer autre chose que des moustiques ^^ Et c'est vrai qu'il est bien mieux de laisser faire que de faire souffrir inutilement.

    J'attend avec impatience une possible visite de Nico au Vietnam, j'espère que ça pourra se faire! Autrement je le reverrai en France cet été!

    Bonne journée à vous!

  • #3

    Papa (lundi, 07 avril 2014 14:46)

    Salut ma fille,
    Ok avec le blog sur les poulets, mais évite les vidéos toute nue, tu ne sensibilise pas les mêmes personnes ;-)
    Pour le reste on est d’accord encore que je ne me vois pas tuer un taureau ou une vache ni même un veau
    Bisou

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Lisa, simplement partie vivre une aventure agroecologique en Asie.

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