1/01 - Happy New Year!

12/01 - On est quel jour?

Dimanche ! Le septième !

 

Oui question récurrente. C’est qu’on en perd la notion. Ce temps qui par chez vous est si précieux a une toute autre saveur par ici… Don’t rush. Pas la peine de se presser. La devise lao, ou presque...

Voilà donc déjà sept jours que je suis dans ce nouveau pays, et oui, c’est différent. Autre langue, autre monnaie, autre paysage et autre culture… Après des au revoir un peu émouvants et difficiles à Panya, Steve le chat, et les gens de là-bas, j’ai pris un bus. Ou plutôt 4. Et 20h plus tard (!!!) me voici à Vang Vieng. Première surprise, cette ville n’en n’est pas une. C’est simplement 3 rues, pleines de bars et de guesthouses (maison d’hôte). Tous les bars, ou au moins 5 côte à côte, passent des épisodes de Friends toute la journée à des touristes qui se remettent de leur gueule de bois. Autant vous dire que je n’ai pas une grande impression de cette « ville ». Mais cette image de fêtarde où les drogues sont tolérées a tendance à changer. Oui et ben quand on se retrouve avec plus d’une vingtaine de touriste morts sur les bras, ça fait désordre. Le gouvernement a donc plus ou moins remonté ses manches, et apparemment ça a déjà bien changé. Bon je vous avoue que je n’ai rien vu de la vie nocturne, mon trajet de 20h m’avait suffi. Je me suis donc retrouvée chez Chris, une connaissance de mon cours du mois de Septembre à Panya. Après deux nuits à essayer de me remettre de mon bus malgré les 2, voire 4, mariages lao derrière ma chambre (avec la musique de mariage qui va avec, je vous laisse imaginer que ce n’était pas super super) je me retrouve enfin à Sae Lao, le projet dans lequel je suis maintenant… A 7km de Vang Vieng, entouré de montagnes en forme d’éléphant, c’est paisible. Très bien. Très bien.

 

Je me rends compte que j’ai plein de choses à raconter. Je ne sais pas par où commencer…

 

Il est 8h, le soleil est déjà levé depuis quelques temps, et y’a un gamin pas loin qui chasse les petits oiseaux au lance-pierre, pour son petit-déjeuner. Y’a les touristes qui vont au lagon d’à côté et qui passent en quad et en bikini, qui boivent des bières et demandent un gobelet en plastique. Y’a les repas, tous ensembles, plein de français, et du sang coagulé, du sticky rice tous les jours et la fange puante des cochons à nettoyer. Je repense beaucoup au Vercors, à ce que j’ai appris là-bas et comment tout est relié. Je fais aussi des rêves bizarres depuis que je suis ici. Je m’inquiète pour ma famille et mes amis. J’espère que tout va bien. Déjà 5 mois que je suis partie. Presque la moitié. Déjà…

J’ai vraiment du mal à organiser mes pensées. Il est peut-être trop tôt pour ça. Mais allé, un effort.

Je suis donc dans ce nouveau projet tenu par un Lao, Sangkeo. Il dira que face à la déchéance de sa ville et à ce qu’il a vu durant les années où il a vécu au Canada il a voulu montrer qu’on peut vivre autrement, et comme ça essayer de changer le monde. En réalité, il a de nombreuses bonnes idées, mais manque aussi cruellement d’organisation. Ce projet a 6ans. Mais hormis le fait que le restaurant est installé et fonctionne bien car proche d’un lieu attractif, le Blue lagoon, ou lagon bleu hein, il ne remplis pas vraiment ses objectifs. Notamment en termes d’autosuffisance alimentaire. Enfin ça va. Il y a plein de choses très très bien quand même. Je suis peut-être un peu trop négative là. Du coup en réalité je m’amuse bien.

Je peux peut-être raconter ma journée de vendredi…

Réveille-matin 7h, j’me réveille presque comme une fleur, et après un bout de pain express direction la porcherie, nettoyer et récupérer les excréments de cochons pour les mettre dans le biogaz. Car oui, et ça c’est cool, il y a un système de biogaz qui alimente la cuisine. C’est super ! Les toilettes sont reliées à une cuve où l’on rajoute du fumier de vache et de cochon. Tout ça est digéré anaérobiquement par des bactéries qui rejettent du méthane qui est acheminé en cuisine. C’est un joli circuit fermé. Donc après cet effort odorant, et une collecte d’algues au bord de la rivière pour mon compost je prends un petit déjeuner coréen. Des crêpes aux légumes… S’e suit une bonne demi-heure de vaisselle. D’habitude faire la vaisselle ça me dérange pas, mais ici c’est différent. L’évier est super bas, donc mon pauvre petit dos en souffre un peu. Bref. C’est ensuite l’heure de motiver la troupe et de me lancer dans la réalisation d’un compost thermophile ! Je me rends compte que j’ai appris beaucoup à Panya mais que j’ai besoin de pratiquer ! Une fois cela terminé, la matinée est presque finie, et j’avoue ne plus me rappeler ce que j’ai fait ensuite. Probablement pelé des cacahuètes ou juste papoté avec les autres volontaires. On est une quinzaine en ce moment. Deux australiennes, deux canadiennes, deux québécois, deux coréennes et … 8 français. Sur place il y a aussi une petite famille lao et des employés qui viennent du village. En gros une dizaines de locaux sont présents sur le site. Déjeuner. Récupération d’un tas de sciure pour des futurs composts. Déchargement du fameux tas et ensuite : repos ! Le repas du midi avait été épique et copieux. Car normalement les cuisinières lao du resto nous font aussi les repas (sauf le petit déjeuner) mais ce jour-là personne n’est arrivé. Donc nous avons mangé tard et avec un gros dessert, lourd et sucré =) Autant dire que la sieste aurait été bienvenue. Mais finalement après avoir essayé de travailler et abandonné pour papoter, encore ; Douche, lessive et hop, déjà l’heure des cours d’anglais. Parce que oui monsieur, je donne des cours d’anglais maintenant ! J’ai hérité du groupe le plus avancé, donc c’est facile. Vocabulaire et prononciation. Et lecture aussi. On lit Jules Verne, Vingt Milles Lieux Sous les Mers. Ils ont entre 16 et 18ans et sont donc au lycée. Ils ne parlent pas trop mal mais la lecture ce n’est pas encore ça. Ils sont super motivés, intéressants et marrants. Il faut quand même se dire qu’ils viennent de leur plein grès, après leur journée de cours pour faire de l’anglais entre 18 et 19h, sachant que la plupart du temps ils ont tellement de questions ou de choses à raconter après le cours qu’ils restent jusqu’à 19h30. Alors respect et prenons en de la graine. Ce n’est pas chez nous que les lycéens feraient des heures sup’ ! En tout il y a 5 groupes, donc 5 niveaux. Les âges sont variés, les plus petits on 6ans, et les plus âgés 18. Et c’est donc plein d’entrain qu’ils viennent à Sae Lao, tous les jours sauf le weekend. C’est intéressant car cela me permet de me replonger dans mes souvenirs de collège, souvenirs de grammaire et de conjugaison…

 

 

Voilà, grosse journée, fatiguant et passionnante. Dîner, jeux de carte et au lit. Je ne me couche jamais tard et me lève tôt. Il fait froid la nuit et je ne regrette toujours pas d’avoir pris sac de couchage et drap de soie !

Voilà, encore. Petit résumé.

 

Bien entendu j’ai fait plus court. J’ai tellement d’autres choses à raconter.

 

Mais en gros : tout va, je mange plus que correctement, je dors 8h par nuit, j’ai des copains et je m’amuse bien !

 

A bientôt

15/01 - "Oh my Buddha!"

S’en sont suivi quatre jours de décadence, immergée dans la culture lao, immergée dans la culture bouddhiste et complètement dépaysée malgré oh déjà 5 mois en Asie…

 

Samedi nous avons entamé les réjouissances. Réveil matinal. Préoccupations vestimentaires, car si la Thaïlande est encore un peu traditionnelle à la campagne, c’est tout autre chose par ici. Les jupes traditionnelles sont arborées fièrement tous les jours, et malgré quelques Blue jeans, c’est bel et bien cette tenue qui triomphe lors des évènements officiels et religieux, même pour l’uniforme à l’école. C’est donc avec une certaine classe et gène que je porte moi aussi une jupe longue, vert émeraude, gentiment prêtée par une des bénévoles du projet. Une fois les problèmes de tenue réglés, je décide de prendre tout de même un petit déjeuner. Je rejoindrais les autres plus tard…

Rassasiée, je me dirige vers le village, seule. Et reçoit plusieurs compliments sur ma tenue. Je suis ravie. Je pars à la recherche de mes amis sans les trouver mais découvre les rues du village, ou du moins la rue principale, pleine d’animation. Des enfants avec des jouets en plastique, un carrousel qui tourne à la force des bras de son propriétaire, des jeux de foire où il faut péter les ballons, et comme prix, des petites poupées de chiffon et des boissons. Et les familles qui défilent vers le temple pour apporter leurs offrandes. Je me sens déplacée. Je le suis sûrement. Je ne trouve pas mes amis. Et malgré l’ambiance chaleureuse et pas du tout hostile je décide de rentrer pour mettre fin à mon malaise, moi en jupe et les enfants qui me regardent. Mais mes gentils amis ne m’ont pas oubliés, et à peine de retour au projet, on vient me chercher en scooter. S’en suit une chevauchée en amazone, jupe longue oblige. Et là encore, dépaysement quand je rejoins notre petite troupe, assise dans la pièce principale de la maison de la famille d’un des laotien qui travaille à Sae Lao. Plein d’assiettes, de salade, de sang coagulé, de radis blancs et sucrés, de viande, de lab, plat traditionnel, plein de monde, les anciens qui essayent de parler français, se remémorant leur vieux souvenirs d’école et la bière qui tourne, toujours. Je suis bien accueillie et bientôt je reçois moi aussi mon verre, allé, il n’est que 9h30. Certain sont là depuis plus d’une heure, à boire, à manger. Puis une agitation anime l’assemblée, il est temps d’aller au temple. C’est donc tous ensemble que nous portons à notre tour des tas d’offrandes et de choses dorées pour remercier Bouddha pour les récoltes. Cela dure en tout et pour tout : 5 minutes. Après quelques photos souvenir pour les anciens près du temple qui n’ont pas bien souvent l’occasion de voir des falang (littéralement « français », mais c’est aussi le mot utilisé pour dire « étranger ») parés de la sorte, nous sommes un peu l’attraction, on rentre. Et puis on ne traine pas, on nous fait bien comprendre que l’important avant tout, c’est de rentrer à la maison pour continuer les festivités. Nous nous faisons invité pas différentes familles, et à chaque fois : alcool de riz « lao lao » et bière «beer lao » sont bus dans la tradition « lao style ». Convivial, mais quelque peu rude pour un samedi matin. Enfin, pour un matin tout court. Il est difficile de refuser les verres sans offenser, et ce n’est qu’après un nombre pair de coup que l’on peut éventuellement se permettre de passer son tour. Et oui, « car tu as bien deux jambes ! » (« Et puis deux yeux, deux oreilles, deux bras, etc. »). Autant vous avouer que début d’après-midi, tout le monde est rougi et rigolo. Je rentre vers les 15h après avoir perdu quelques-uns de mes camarades au champ de bataille, marchant droit et raccompagnant deux copines. Petite sieste. Et c’est reparti. Le soir, près du temple, c’est tout le monde qui se réuni, pour boire et danser. Nous faisons tache, ou vivants à côté de ces gens qui dansent en rond, sans bouger, très solennellement. Mais ils dansent avec nous, ils rigolent, et peut être bien qu’ils se moquent un peu. Mais au final tout le monde s’amuse. Cependant, après deux « morceaux », mes oreilles n’en peuvent plus. Trop fort. Trop répétitif. Trop fatiguée. Une partie d’entre nous rentre…

Ce n’est que lundi que reprennent les festivités (vous imaginez bien que dimanche le village, mort, hibernait après tant d’agitations). Toute la famille, toute, proche, éloignée, toute, débarque.  Les vieilles dans un coin à préparer les décorations en feuille de bananier, les jeunes à la cuisine, les hommes au feu, à l’installation ou à la pêche. Toute une journée à préparer. Les enfants qui courent partout, les femmes qui rigolent et les hommes qui fument. Toute une journée à manger. Mais pas d’alcool. Je m’enfuie un peu car tout cela est oppressant. Des gens partout. Et une langue qu’on ne comprend pas. Les plus âgés peuvent parfois parler français. Les plus jeunes peuvent parfois parler l’anglais. Tout cela sur un fond de musique lao, forte et dissonante. Trop de monde. Trop de bruit. Je m’en vais m’exiler un peu toute seule, pour travailler, lire, écrire. Et finalement dormir. Le mardi matin, tout est bien agité dès 6H30. Réveillée au son du mixer je me dis que quelque chose de plus grand se prépare. « Cette fois on y coupera pas, les bières sont au frigo ». Les moines doivent arriver dans la matinée pour bénir la famille et remercier les esprits. Comme on ne sait pas si l’esprit de la famille est masculin ou féminin, il faut préparer plus d’offrandes, pour satisfaire les deux. Encore de la cuisine. Et les moines qui se font attendre. On a faim nous aussi, de voir passer toute cette nourriture, et puis ça fait déjà plus d’une heure que je suis levée, et sans petit déjeuner vu l’occupation intensive de la cuisine. Mais ils finissent par arriver. Prière des anciens, des moines, les mains jointes et en silence. Ou presque. Ou pas du tout. C’est assez rigolo, les moines prient mais tout le monde parle, on gronde les enfants, on répond au téléphone, on papote on papote. C’est formel sans l’être, et sérieux pareil. Mais il faut faire attention à bien s’assoir, garder ses pieds sous ses fesses, ne pas regarder les moines dans les yeux, ne pas passer entre deux personnes, et attendre. La prière finie, le plus âgé des moines, sur un ton guilleret s’écrie, selon ma propre interprétation peut être erronée : « bon ça y est, fini tout ça, qu’on mange maintenant ! », tout le monde rigole. Et les moines sont servis. Bon, nous on les regarde manger, l’estomac gargouillant et les jambes endolories. Et puis on mange quand même, au bout d’un moment, après que les moines aient jeté des bonbons bénies ou non, à toute l’audience. Soupe de nouille pour le petit déjeuner, et poisson, et gâteau aux carottes, sticky rice et au surprise ! Les premières bouteilles se débouchonnent ! Pas pour moi, je fuie un peu, j’esquive et habilement j’arrive à éviter la boisson sans offenser personne.  Vient ensuite la meilleure partie, la cérémonie des bracelets. Une autre prière des anciens où l’on doit toucher la personne devant soi avec la main droite et garder la gauche dressée comme une prière à une main. Puis, tout le monde attrape une poignée de bracelets blancs et les noues autour des poignets de ses voisins en leur souhaitant bonheur, santé et autres bénédictions. Ce sont les anciens qui en distribuent le plus, le visage ridé et sérieux, ils récitent à tous leurs prières et un à un les bracelets s’accumulent autour de mon bras. Et les vieux qui boivent de la bière. N’ayant pu récupérer que deux bracelets j’en donne un à Young-Hee, une coréenne qui est là depuis quelques jours, qui doit avoisiner les soixante-dix ans et qui semble avoir atteint cette sérénité que seule les orientaux arrivent à trouver. Je m’entends bien avec elle, nous avons passé une journée toute les deux la semaine dernière à se balader et discuter… Je lui souhaite la santé, un beau jardin, et du bonheur, le plus important. Elle comprend un peu le français et me remercie. A côté d’elle la plus fripée et plus belles des vieilles femmes de la famille, je lui noue mon second bracelet. Elle sourit et me prend dans ses bras. Beaucoup d’émotions ce jour-là. Dernière chose à faire, amener toutes les offrandes, l’espèce de lit doré décoré de billets de banque (même des dollars !)  et les décorations en feuilles au temple. En chemin les femmes chantent au rythme du gong et du tambour, ça rigole et les vieux, dans le camion avec le lit doré…boivent. Cette fois-ci personne n’y coupe, les verres tournent et le temps d’arriver au temple, les papis sont bien joyeux et les femmes courent vers l’énorme tambour de cérémonie pour tambouriner à cœur joie et jouer des cymbales. C’est la fête et tout le monde est invité. Quelques tours de temple plus tard, on dépose le tout à l’intérieur et tout le monde rentre à la maison…Pour manger, pour boire...

C’est donc pleine de bénédiction et la tête légère que je m’en vais marcher vers Vang Vieng dans l’après-midi, pour échapper au Lao Style et à l’alcool de riz.

 

 

7km à pieds devraient me laisser le temps de repenser à ces journées pour pouvoir les écrire dans la soirée…

Qui suis-je?

Lisa, simplement partie vivre une aventure agroecologique en Asie.

Liens!

Le super site d'une amie

nicaragrooo!!!!

 

Le premier projet que je vais visiter en Thaïlande

Panya Project

 

Le projet au Laos

Sae Lao

 

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